Dans l’univers de l’étude posturale, le recul de selle ne doit jamais être considéré comme un simple détail d’ajustement : il constitue une variable structurante de la posture du cycliste.
Un recul insuffisant provoque une série de déséquilibres biomécaniques majeurs : le genou se retrouve trop en avant de l’axe de pédale (KOPS), le levier musculaire à la hanche et au genou est compromis, et les quadriceps notamment le droit fémoral sont excessivement sollicités, ce qui peut entraîner une surcharge fémoro-patellaire.
Cette position trop avancée limite également l’amplitude articulaire, bascule le cycliste vers l’avant et entraîne des compensations lombaires et pelviennes susceptibles de générer douleurs et instabilité.
Sur le plan dynamique, une selle trop avancée modifie la répartition des masses, déplace le centre de gravité vers l’avant, et compromet la stabilité, la maniabilité du poste de pilotage, ainsi que la sécurité en descente ou en virage.
Ce phénomène est souvent amplifié par les géométries modernes des cadres (tubes de selle très droits), les selles courtes ou larges à l’avant, et une tendance chez certains cyclistes, notamment les plus jeunes, à imiter des positions extrêmes sans considération pour leur propre morphologie.
Les solutions passent par l’adoption de selles au point d’appui reculé, l’utilisation de tiges de selle avec offset, et surtout un choix de cadre adapté dès l’achat, privilégiant une géométrie équilibrée. Attention aux morphologies actuelles jambes plus longues, buste plus court qui exigent un recul plus prononcé sans pour autant allonger exagérément la distance selle-cintre.
Lorsque le recul optimal est impossible à atteindre, une légère compensation peut être envisagée : avancer la selle tout en la réhaussant modérément (ex. +5 à +10 mm) permet de maintenir la distance selle–pédale. Cela préserve en partie le geste de pédalage et la chaîne musculaire, mais ne corrige ni la modification des leviers autour de la hanche ni les effets sur la stabilité et la maniabilité. Cette configuration doit rester transitoire, dans l’attente d’un changement de cadre, de tige ou de selle.
En synthèse, avancer la selle est un ajustement secondaire, jamais une solution structurelle. Un positionnement réussi repose sur un recul adapté, garant de performance, de confort et de sécurité.